Coup de couteau
La nouvelle est terrible, insupportable, inacceptable: un collégien frappe, à l’aide d’un couteau, une surveillante devant un collège. Celle-ci décède après l’agression.
Pourquoi ? Quels ont été les ressorts amenant à cette agression ?
Notre Premier ministre répond:
- Il dénonce la « décomposition de la société dans laquelle nous vivons », annonce qu’il va durcir la loi afin d’empêcher ces terribles actions, et travailler « sur les portiques d’entrée des établissements ».
Je vais reprendre ces annonces à rebours.
Tout d’abord les portiques:
- Un portique qui tient la route coûte 10 000 € (sans son entretien), et nécessite des personnels formés à leur usage et aux fouilles des personnes et des cartables. Vu la pauvreté en personnel et en budget que connaissent nos établissements, il va falloir beaucoup « travailler sur ces portiques d’entrée ». Continuons avec un petit calcul : 400 élèves commencent dans notre collège imaginaire à 8 heures. Je compte 10 secondes de passage par individu. 400 élèves x 10 secondes = 4 000 secondes, soit 67 minutes, soit 1 heure et 7 minutes. Il faudra donc que les élèves commencent à passer à 6 h 50. Il faudra aussi un sas, pour que les entrants ne puissent pas prendre l’issue de sortie. Il faudra surtout que tous les élèves soient clean, sans compas, sans paire de ciseaux, sans taille-crayons et sans couteau en céramique qui ne déclenche pas le portique… Parce que si ce n’est pas le cas, on ne peut tenir le passage en 10 secondes !
Point 2 :
- durcir la loi pour décourager les potentiels agresseurs. Je fais appel à mon papa qui dans les années soixante-dix tenait ce raisonnement : la peine capitale n’est pas dissuasive, car les truands ne montent pas sur des coups en pensant qu’ils vont se faire prendre. Je pense que l’agresseur n’est pas parti à l’école en étant certain de planter cette jeune femme, et que même si la loi était beaucoup plus sévère, elle n’aurait pas empêché ce drame.
Point 3 :
- c’est le point principal : la « décomposition de la société dans laquelle nous vivons ». Comment Lou BAYROU qui occupe des postes électifs divers et importants depuis 1982 (43 ans donc), peut-il dire ça sans faire un mea-culpa ? Il est dans le répressif, parce que la répression ne coûte pas cher.
- Ne pas se poser la question des moyens adultes dans nos établissements, des moyens médicaux (infirmières, médecins) des moyens sociaux (Assistant·es Sociaux) ; alors qu’ilels ne cessent de diminuer. Ne pas se poser la question des moyens donnés à la pédopsychiatrie, et la psychiatrie et plus largement de la santé psychique des citoyennes, citoyens !
La solution, durcir la loi et foutez-moi ça en prison.
- Ce qui est déjà le cas. Plus 20 % des personnes incarcérées sont atteintes de troubles psychotiques, dont 7,3 % de schizophrénie et 7 % de paranoïa (deux maladies incurables). Au total, huit hommes détenus sur dix et plus de sept femmes sur dix présentent au moins un trouble psychiatrique, la grande majorité en cumulant plusieurs (troubles anxieux, dépressions, troubles bipolaires, psychoses…).
Source Observatoire International des Prisons section Française :
https://oip.org/decrypter/thematiques/sante/sante-mentale/
- Alors, Mesdames et Messieurs nos élu·es mettez en place un plan réaliste, d’envergure, ambitieux tout de suite maintenant et sur le long terme pour changer le cours des choses ; durcir la loi ne fera qu’envoyer plus de malades dans les prisons où ils n’ont que la prise médicamenteuse pour soin.
- Geoffroy DE LAGASNERIE évalue le coût annuelle de la détention d’une personne (tout compris, coût du bâti, du personnel, de fonctionnement…) à 150 000 €. Il pose alors la question : ne doit-on pas dépenser cet argent mieux, notamment dans les moyens éducatifs pour une véritable réinsertion ? Les statistiques vont toutes dans le même sens, moins un pays enferme, moins il y a récidive.
Qui est Geoffroy DE LAGASNERIE ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Geoffroy_de_Lagasnerie
Source :
https://www.youtube.com/watch?v=doDZM_1PTwc&t=57s
Je rajouterai : ne peut-on pas avoir une véritable politique de prévention et de promotion de santé mentale pour éviter cette violence ?
La réponse est dans la question.