1er mai 2025
iels sont puissant⋅es, nous sommes nombreux⋅ses
Quand l’aide publique aux entreprises privées devient plus importante que l’Éducation
La CGT à 130 ans cette année, et elle est toujours indispensable.
130 ans de luttes, où des avancées sociales ont pu être conquises, certaines ont été reprises par la bourgeoisie, mais nous luttons toujours pour les récupérer, car c’est notre bien, c’est le fruit de notre travail qu’ils et elles nous volent.
Cette bourgeoisie, méli-mélo de politiques et de dirigeant⋅es de grandes entreprises, deux domaines très perméables entre eux, tentent de faire croire que le seul avenir possible est leur gestion qui mêle capitalisme subventionné et autoritarisme extrême-droitisant.
Prenons l’exemple de l’attaque au couteau qui a eu lieu la semaine dernière dans un établissement scolaire de Nantes. Le suspect présente un profil dépressif, annoncent les médias, ce qui n’est pas rare chez nos adolescent⋅es. Sans forcément parler de dépression, un mal-être, une certaine angoisse est présente chez nombre d’entre elles et eux, et c’est parfaitement compréhensible : ils et elles ont traversé la crise sanitaire. Ils et elles vivent depuis des années, de façon quasiment permanente, avec le niveau « urgence attentat » du plan Vigipirate. Ils et elles ne peuvent que constater l’état dans lequel on leur laisse la planète, et quand on voit les politiques publiques dans ce domaine, en France comme ailleurs, ça n’a rien de rassurant.
Et que propose donc les Retailleau, Ciotti, Estrosi, Lisnard et consorts en réponse à cette attaque de la semaine dernière ? Des fouilles au corps et au sac, des portiques de sécurité et de la reconnaissance faciale à l’entrée des établissements.
Voilà qui est de nature à améliorer la santé mentale de nos jeunes ! Dressons des clôtures, des miradors, faisons mettre les lycéen⋅nes à genoux, mains sur la tête, comme ça a été le cas en 2018 à Mantes-La-Jolie.
En plus d’être extrêmement anxiogènes, ces méthodes sont complètement inefficaces : la reconnaissance faciale n’aurait rien changé, ni la semaine dernière, ni en 2017 à Tocqueville à Grasse, puisque les attaquants faisaient partie de l’établissement. Les portiques de sécurité n’auraient rien changé à Tocqueville, puisque les armes avaient été passées par dessus le grillage. Rappelons aussi que les couteaux en céramique sont indétectables par les portiques. Il ne reste plus que les fouilles alors. Quand on sait qu’il y a prêt de 60 000 collèges et lycées en France, pour environ 250 000 policiers et gendarmes, soit environ 4 agents de la sécurité intérieur par établissement, on comprend vite que sécuriser efficacement de la sorte tous les établissements est illusoire.
Ce qui aurait peut-être pu changer les choses, ce sont des conditions d’enseignement plus sereines pour que des signaux faibles soient éventuellement détectés à temps par exemple:
- Moins d’élèves par classe, pour que l’enseignant⋅e puisse consacrer plus de temps à chacun⋅es.
- Plus de surveillant⋅es pour qu’ils et elles ne soient pas obligé⋅es de courir de tâches administratives en tâches de surveillance, sans vraiment avoir le temps d’être à l’écoute des élèves.
- Plus d’infirmier⋅es, d’assistant⋅es social⋅es, de psychologues, pour permettre à tout élève désireux⋅se de se confier de le faire sereinement d’être entendu⋅e.
C’est un plan d’embauche massif que nous demandons depuis des années à la CGT Éduc’action, à contresens des politiques austéritaires menées depuis trop longtemps dans l’éducation et ailleurs. L’École émancipatrice, que mérite notre société, le vaut bien.
Mais ce n’est pas possible, il y a la dette ! Plus de 3 mille milliards d’euros de dette, c’est monstrueux ! C’est le joker ultime, très efficace. Enfin, il ne marche pas pour tout.
Il est très efficace dès qu’il s’agit de culture, de santé ou d’éducation, mais inopérant pour réduire le budget des armées ou les aides aux grandes entreprises. Et pourtant, les aides aux entreprises, qui sont très majoritairement des aides aux très grandes entreprises, pèsent extrêmement lourd dans le budget et sont en grande partie responsable de cette dette. En 2024, c’est 200 milliards d’euros d’argent public qui ont été distribués aux entreprises privées, sans contre-partie. C’est le premier budget de l’état, plus de 3 fois le budget de l’Éducation Nationale. Mais il faut bien que ces dernières augmentent leurs profits pour après pouvoir prêter de l’argent à la France, avec des intérêts, pour que la France puisse payer les aides aux entreprises …
Alors, en ce premier mai, sous le signe de la lutte contre l’extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale, il est bon de se rappeler que, s’ils et elles sont puissant⋅es, nous sommes nombreux⋅ses. S’il est plus facile pour elles et eux de s’organiser, nous avons à nos côtés la CGT.
La justice sociale finira par vaincre, nous ne lâcherons rien, tout simplement parce que c’est juste.